#22 | Un peu de technique (1): la balance des blancs
On me pose souvent des questions sur la technique en photographie. Je sais que ce n’est pas une chose primordiale pour chacun, puisqu’on peut réussir une photographie sans rien savoir de ce qui se passe derrière l’objectif, mais je pense qu’il peut être bon pour tout le monde d’avoir quelques connaissances. Pourquoi? Pour savoir pourquoi une photo est ratée, pourquoi une photo est admirable d’un point de vue technique, mais surtout pour réussir une photographie. Il y aura donc quatre articles: l’ouverture, le temps de pose, la sensibilité et la balance des blancs. Dans la suite, on commence par la balance des blancs, élément souvent le moins connu.
Je commence par là non seulement parce que c’est probablement le paramètre le moins connu (on le met en général en automatique), mais aussi parce que c’est un paramètre facile à régler. En effet, quand on va prendre une série de photos au même endroit, c’est la première chose qu’on peut régler. Le problème avec ce paramètre est que si nos yeux n’ont aucun problème à régler leur balance des blancs, nos appareils photos, eux, galèrent pas mal. Qui n’a jamais eu une photo bleuie d’un coucher de soleil sur la plage, ou un portrait en soirée où le teint est presque rouge? Problème: la balance des blancs. Alors qu’est-ce que la balance des blancs?
La température de la lumière
Comme vous l’imaginez, la qualité d’une photographie dépend avant tout de la lumière qui éclaire le sujet. Le sujet, selon sa nature, renvoie une certaine lumière (ce qui lui donne à nos yeux sa couleur) et évidemment une certaine quantité de lumière (comme vous le savez, le noir absorbe, le blanc réfléchit). Il se trouve justement que la lumière n’est pas toujours la même: la lumière d’une lampe de chevet dans votre chambre n’est pas la même que la lumière du soleil à midi. C’est la notion de température des couleurs. On exprime cette température en Kelvins, et les appareils photos numériques vont en général de 2000 à 10000°K. Régler correctement la température des couleurs permet avant tout d’obtenir une image aux couleurs fidèles; cela permet aussi d’obtenir les effets que l’on veut: des couleurs plus chaudes, des couleurs plus froides, etc. Comment régler cela?
Le paramètres
Sur les appareils photos numériques, on a en général plusieurs choix pour ce paramètre, qu’on reconnait avec les petites icones:
Dans l’ordre, de gauche à droite:
- Auto
- Lumière du jour (~ 5200 K)
- Ombragé (~ 7000 K)
- Nuageux (~ 6000 K)
- Tungsten (~ 3200 K)
- Fluorescent (~ 4000 K)
- Flash (~ 6000 K)
- Manuel (température entré par l’utilisateur)
- Manuel (température donnée par un test avec une couleur neutre)
Les problèmes
La plupart du temps, mettre la balance des blancs en automatique suffit, sur une scène uniforme (paysage, portrait en intérieur) mais parfois il faut y aller manuellement. Il y a deux situations principales qui peuvent poser problème:
- Dans des conditions ambivalentes: une scène en intérieur éclairée par deux sources en même temps (exemple n°2), le soleil d’un côté et une lampe de l’autre par exemple, la lumière de la lune et un lampadaire. Dans certains cas on voudra mettre en valeur l’intérieur et donc avoir une température proche de 3000/4000°K, alors que dans d’autres on voudra surtout présenter le paysage et il faudra monter à 6000°K par exemple, pour ne pas avoir de couleurs aberrantes sur cette partie de la photo.
- Quand les couleurs induisent l’appareil photo en erreur: si l’on photographie un parterre de fleurs rouges, l’appareil voit une dominante rouge sur la photo et il peut logiquement se dire que c’est un problème de balance des blancs, il va donc rééquilibrer la chose en changeant de balance des blancs. Et non seulement la photo ne sera pas du tout naturelle, mais en plus on perdra toute couleur, ça sera difficile à récupérer. Seule solution ici: le passage en noir et blanc.
Des exemples
Voilà un exemple pour illustrer la chose. La photo de gauche correspond à une température basse (équivalent tungsten), celle de droite à une température plus haute (équivalent ombragé). Celle du dessous est la photo dont la balance des blancs est équilibre (lumière du jour)
Un autre exemple: de nuit. C’est encore plus difficile: sur la première photo la balance des blancs correspond à la température du ciel (des nuages), la seconde correspond à la lumière du Louvre. Ici les deux photos sont acceptables, et cela dépend de ce que l’on veut obtenir.
Le format RAW
Pour finir, j’aimerais insister sur l’intérêt du format RAW. En effet, le format RAW, accessible sur tous les réflex et certains bridges/compacts, permet de ne pas avoir à régler immédiatement la balance des blancs. Au lieu d’obtenir une image normale, en jpeg par exemple, on a un fichier RAW. Le fichier image obtenu, qui est très lourd, contient toutes les informations sur toutes les températures possibles en mémoire, et permet donc de faire le reglage en post-traitement. C’est très utile sur des séries importantes, en studio, etc.
Par opposition, si on peut toujours tenter de récupérer une mauvaise image des blancs avec un fichier traditionnel (jpeg), on aura des résultats beaucoup moins convaincants qu’en RAW, pour la simple et bonne raison qu’il nous manquera des informations nécessaires au niveau des couleurs.
Conclusion
C’est un paramètre à ne pas oublier, à régler immédiatement en situation difficile. Si les couleurs ne collent pas, c’est là qu’il faut regarder: la balance des blancs. Ca sera le mot de la fin: prochain article sur la sensibilité du capteur, et les notion de bruit, de grain, d’ISO, etc.
11 commentaires
Sympa l'article :)
Et puis c'est bon à savoir ! Vivement les autres articles que je pique le reflex de ma ma mère !
Par contre, toi qui as fait S, à LLG (en plus !), ce sont des kelvins, pas des degrés kelvins (oui, je chipotte, je sais, mais bon...)
Attends attends il faut que tu m'expliques! On ne dit pas des degrés kelvins comme des degrés celsius/fahrenheit? Je corrige alors!
Le kelvin est une unité absolue du SI, même s'il est relativement récent qu'on ne dise plus "degré kelvin" (les années 60) !
Ah, les joies de la physique ^^
raw et puis basta
Les RAW qui sortent de mon 5D font entre 10 et 15 megas, les JPEGS sont en moyenne à 2 mégas... Donc ça dépend de la place qu'on a sur sa carte mémoire et sur son disque dur!
Aha sympa ces articles :O) Je reste encore a l'ancienne technique dite "mettre au point en visant le nuage ou le frigo, la"
Oups! J'ai oublié de parler de cette méthode oz! Faudra que je corrige ça à l'occasion, surtout que c'est la meilleure méthode.
Merci pour cet article. Effectivement, on a tendance à ne pas y penser.Une question peut-être idiote, mais tant pis: dans le cas d’un paysage enneigé, est-ce que l’appareil sera induit en erreur? On ne peut pas faire des photos de neige tous les jours, alors autant ne pas se rater!
Tu me poses des colles! En théorie non, pas de problème, puisque la neige ne va faire que réfléchir la lumière du soleil. Après, s’il se trouve que la neige n’est pas blanche (genre si elle est légèrement rose), elle peut induire l’appareil en erreur, mais il n’y a pas de raison que ça arrive!
Merci pour ces explications. Une question: comment compenser une erreur de règlage de la balance sur une grande série de photos (JPEG). j’ai en effet laissé le règlage pour des photos d’intèrieur après être sorti du batiment…
Existe t-il des logiciels qui corrigent automatiquement cette erreur (sans avoir à retoucher les couleurs individuellement)?
merci
Sur Adobe Lightroom, vous pouvez sélectionner une couleur neutre sur la photo, grâce à une pipette, pour redéfinir les couleurs et corriger une erreur de balance des blancs. Je ne connais pas d’autres logiciels, mais téléchargez le, d’autant qu’il doit être gratuit à utiliser pour une période d’essai!