1. 2 et 3. Dans la rue, des vétérans de différentes guerres américaines. Ils discutent avec les gens, fiers d’avoir accompli leur devoir. La société leur doit une fière chandelle. Aujourd’hui, pourtant, ils sont là, dans la rue, vraisemblablement peu aidés et dégoûtés de leur sort. Une vieille dame en fauteuil, qui avait été infirmière pendant la seconde guerre mondiale, m’a dit, dans le bus, de toujours, toujours refuser la guerre. Que je la comprends.

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  1. 4. Le bus, lieu de toutes les rencontres, le melting pot des défavorisés, et en particulier de la population Latino… Les visages sont tristes, je crois. Autour de nous, des gens étranges, des gens étrangers.

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  1. 5, 6, 7, 8 et 9. Nous descendons donc la rue, depuis le downtown jusqu’à la inner-city où nous devions prendre un bus pour repartir. Dans la rue, le vide, le désert. Qui habite ici? Des milliers de gens. Que font-ils? Il n’y a rien pour eux, pas d’espace commun, pas de parc, pas d’infrastructures, pas d’école… Il n’y a même pas un banc. Rien, rien pour attacher ces gens ensemble.

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  1. 10. Si, enfin, un lieu de rencontre, un lieu que partagent les habitants de ce quartier. Pas ce qu’il y a de plus accueillant, pourtant, ni de plus fréquenté…

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  1. 11, 12 et 13. Autour, le désert continue. Rien n’est fait pour rassembler les individus, ils sont tous séparés, ne fréquentant que leur propre communauté et leur boulot, et vivant dans ce que je crois que l’on peut appeler un ghetto… Quoi de mieux pour alimenter la peur des autres, les préjugés, la violence? La racine du communautarisme et du racisme.

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  1. 14. Un clochard, parmi d’autres. Dans certaines rues, ils sont une dizaine sur un bloc, à attendre. Comme disait Julien, avec qui j’étais, c’est ici que « l’expression “laissé pour compte” prend tout son sens ».

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  1. 15. Pour beaucoup d’Américains, ce quartier n’est pas celui où les classes les plus pauvres vivent; c’est là où se situe l’usine d’un des plus grands fabriquant de fringues du pays.

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  1. 16. Nous voilà arrivés à la gare routière, où nous prenons le bus pour retourner à San Diego. Un fast-food. L’obésité, la précarité. Autour de la gare, des clochards errent, ne sachant où aller.

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Pardonnez-moi de montrer ces images. J’aurais pu montrer les plages de San Diego, le superbe campus de l’université, les beaux grattes-ciels, j’aurais pu montrer des portraits de mes amis. Plus tard, peut-être. Je ne suis pas un menteur, et je ne me voile pas la face, la pauvreté est partout aujourd’hui, elle existe aussi à Paris. J’ai juste voulu montrer ce qui m’a semblé être une nouvelle « Cour des Miracles », devant laquelle je me sens plus que jamais révolté; je n’ai jamais été aussi convaincu que l’individualisme et le libéralisme ne suffisent pas pour faire la société. La théorie a ses limites. Derrière ces photos, derrière ces immeubles noires et âgés, il y a des gens, des gens qu’on n’a pas le droit de laisser tomber, qu’on ne peut pas laisser se réfugier dans la pauvreté la plus totale, la folie complète, l’extrémisme religieux ou le crime. On ne peut pas faire ça. Il y a une dignité humaine. Il faut des institutions pour réunir et aider les individus, il faut des politiques urbaines pour mettre fin à la ségrégation, et des politiques sociales pour leur apporter les soins, l’éducation, et le travail qu’ils méritent tous — en tant qu’hommes et femmes.